Le froc

Après un bon repas chez ma belle-mère, je suis descendu sans ma femme retrouver des amis dans un bar. Sur le chemin, seul dans la rue et n’ayant pas osé aller aux cabinets tantôt, je lâche quelque gaz en pensant qu’ils vont un peu soulager ma digestion difficile. Vous allez rire, mais ceci est véridique, j’émets alors avec ma bouche un sonore « oh, merde ! » quand je réalise qu’en guise de pet … !

Bien entendu, j’ai resserré les fesses un max, prié un peu et espéré beaucoup que ce ne fut qu’un petit filet inoffensif. Je glisse alors discrètement, je suis seul dans la rue mais quand même, ma main dans le bas de mon dos…et l’en retire vite. Je peine à savoir si je dois rire ou pleurer, tant la situation me paraît être aux confins du tragi-comique. Je continue à marcher ainsi, un peu pète-sec si je puis dire, jusqu’au bar enfumé et déjà bien gai où mes amis m’attendent. J’entre et ils me repèrent de suite. Je ne peux éviter d’aller les saluer et leur tendre la main, l’inodore heureusement, et c’est là que le grand Daniel, qui semble être déjà bien parti me lance bien fort :

-« Quelle tête tu fais, on dirait que t’as chié dans ton froc ! » et la table de s’esclaffer. »

Je ris bien jaune et m’excuse avant de m’engouffrer aux toilettes. Et maintenant que faire ? Je vous passe les détails, mais je ressortirai nu dans mon pantalon, les fesses à peu près propres et mon slip dissimulé tout au fond de la corbeille à papier, recouvert et camouflé du mieux possible.
Comment ce grand con a-t-il pu, si innocemment et sans même y croire, laisser jaillir à ce moment-là une vérité si parfaite et pourtant si peu probable Je ne le saurai jamais et je passerai même le reste de la soirée à me retenir de la dévoiler, tout en réfrénant à grand-peine le fou rire dément qui se prépare, et qui n’éclatera qu’une fois rentré chez moi, assis confortablement cette fois-ci sur ma lunette préférée.