La Pulsion du Mal

Note d’intention de Boris Zoran pour « la pulsion du mal ».

Ouvert à la rencontre avec un cinéaste en mal de musiques, j’ai eu le bonheur de découvrir le film de Sofiane Benihaddadene alors qu’il était déjà quasiment monté, mais sans autre son que les dialogues, les bruits d’ambiance et la chanson au milieu du film. J’ai cherché à coller au plus près à ce climat si particulier et deux styles opposés se sont vite présentés à mon esprit. J’ai ainsi eu à cœur d’illustrer la vie intérieure figée et torturée d’Eugène par des atmosphères étranges et peu évolutives, et d’habiller au contraire sa vie active et organique de compositions plus musicales et mélodiques.

Le thème général de piano me semble accompagner tragiquement le destin d’Eugène. J’ai choisi cet instrument pour établir un lien avec la chanson interprétée par l’objet de son cœur. Ce piano seul me semble signifier l’absence de l’essentiel, et la douleur qui en découle. Ce thème et ses variantes apportent aussi une certaine tendresse, peut-être pour cette sensualité amoureuse qui n’est que partiellement consommée et ancrée dans le réel.

Pour créer les climats atmosphériques, j’ai jugé bon d’utiliser une part de sons aléatoires, pour signifier la désorganisation psychique d’Eugène, tout en respectant une certaine trame harmonique pour coller à cette quête amoureuse mais vaine. Le format de boucle sans fin m’a été inspiré par l’idée de sa pensée aliénée et comme tournant en rond.

De manière générale, il m’a semblé que des sonorités non agressantes pouvaient augmenter l’impact des images au demeurant si fortes, par effet de contraste, et c’est pourquoi je n’ai pas senti la nécessité d’y introduire de véritables rythmiques, ni d’harmonies dérangeantes.

Je ne peux qu’espérer avoir servi le travail de Sofiane et le remercier de m’avoir permis de découvrir de nouvelles facettes de ma propre créativité, car c’est bien l’essence-même de toute collaboration artistique.